Mesdames et Messieurs des institutions politiques et partisanes à travers le monde,
Recevez nos salutations respectueuses,
Dans le cadre du suivi constant de la guerre d’extermination israélienne menée contre le peuple palestinien, nous vous adressons cette lettre concernant l’intention des États-Unis d’Amérique d’imposer des sanctions à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) et de le classer comme organisation terroriste en vertu de la législation américaine. Compte tenu de la gravité de cette démarche, nous vous saisissons de cette lettre afin de vous demander d’agir comme il se doit pour stopper ce danger imminent, qui ne menace pas seulement l’une des organisations des Nations Unies, mais constitue également une atteinte directe à la cause des réfugiés palestiniens et à leur droit au retour.
Mesdames et Messieurs,
Ce qui a été rapporté concernant l’intention de l’administration américaine d’imposer des sanctions à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA), pouvant aller jusqu’à sa désignation comme « organisation terroriste étrangère », ne relève ni d’une simple mesure procédurale ni d’un différend politique passager. Il s’agit au contraire d’une escalade grave et sans précédent dans la guerre ouverte menée contre le système international et contre l’essence même de la question des réfugiés palestiniens et de leur droit inaliénable au retour.
Cibler l’UNRWA, institution humanitaire créée par l’Assemblée générale des Nations Unies et opérant sur la base d’un mandat international clair, ne signifie pas seulement porter atteinte au moyen de subsistance de millions de réfugiés palestiniens ; c’est aussi une attaque directe contre le statut même des Nations Unies, leur Charte et l’ensemble du système du droit international. L’UNRWA n’est pas une institution provisoire, mais l’un des piliers de la stabilité politique, sociale et humanitaire de la région. Toute atteinte à son encontre constitue une atteinte délibérée à cette stabilité.
Depuis des années, les États-Unis mènent une campagne ouverte contre l’UNRWA, s’appuyant sur des allégations et des mensonges israéliens accusant certains employés de l’Agence d’être impliqués dans les événements du 7 octobre. En réponse à ces accusations, les Nations Unies ont constitué des commissions d’enquête internes et indépendantes, et l’UNRWA a engagé ses propres investigations. Les résultats de toutes ces enquêtes ont confirmé l’absence de fondement des allégations israéliennes, tandis qu’Israël n’a, à ce jour, fourni aucune preuve tangible à l’appui de ses accusations, malgré les demandes répétées en ce sens.
La mise en lumière du caractère infondé de ces accusations a conduit la majorité des pays donateurs, à l’exception des États-Unis, à reprendre leur financement de l’UNRWA, tout en affirmant que l’Agence figure parmi les organisations internationales les plus respectueuses des principes de transparence et des valeurs et règles des Nations Unies.
Ce comportement américain ne constitue ni une exception ni un incident isolé ; il s’inscrit dans une politique récurrente de pressions et de sanctions. Les États-Unis ont déjà interrompu leur contribution financière au budget de l’UNRWA, qui s’élevait à environ 360 millions de dollars, la dernière fois à la suite de la bataille dite du « Déluge d’Al-Aqsa ». Ils ont également suspendu le financement de l’UNESCO en 2011 après le vote de ses membres en faveur de l’admission de la Palestine comme membre à part entière. Washington a par ailleurs utilisé l’arme des visas et des permis de séjour contre des experts et des rapporteurs des Nations Unies ayant critiqué ses politiques, en plus d’imposer des sanctions à la Cour pénale internationale et à ses juges.
Ce comportement a contribué à instaurer un précédent dangereux qui a encouragé Israël à suivre la même voie, aboutissant à ce qui peut être qualifié de guerre directe contre les Nations Unies, leurs institutions et leurs personnels opérant en Palestine. Au cours des dernières années, des lois ont été adoptées et des décisions et mesures systématiques ont été prises dans le but de saper la légitimité des Nations Unies et de paralyser leur capacité d’action politique et humanitaire.
Sur le plan législatif, Israël a adopté en 2017 la loi interdisant l’entrée aux partisans du boycott, accordant au ministère de l’Intérieur le pouvoir de refuser l’entrée ou de révoquer les visas de personnes accusées de soutenir le boycott d’Israël ou de ses colonies. Cette loi, ou la menace de son application, a été utilisée contre des responsables onusiens, des rapporteurs spéciaux et des experts en droits humains, afin de restreindre le travail des mécanismes internationaux indépendants.
Parallèlement, depuis 2023, les législations et mesures parlementaires visant directement l’UNRWA se sont intensifiées, à travers des projets de lois et des résolutions cherchant à la qualifier d’« entité hostile », à interdire ses activités en Israël et à Jérusalem, et à remettre en cause ses immunités juridiques. Bien que certaines de ces mesures n’aient pas été pleinement mises en œuvre, elles ont fourni une couverture juridique au resserrement croissant des restrictions sur le terrain visant l’Agence, son personnel et ses installations.
Sur le plan administratif et sécuritaire, Israël a eu recours à l’interdiction d’entrée et à l’expulsion de personnels et d’experts des Nations Unies, au refus d’octroi ou de renouvellement des visas, et à l’entrave à l’accès des commissions d’enquête, constituant ainsi un moyen efficace d’entraver le contrôle international et d’empêcher la documentation des violations. Des restrictions sévères ont également été imposées à la circulation des personnels des Nations Unies, en particulier vers la bande de Gaza, ainsi qu’entre la Cisjordanie et Jérusalem, ce qui a entraîné la perturbation des programmes humanitaires et l’affaiblissement de la réponse aux besoins urgents.
Ces politiques ont inclus la fermeture et l’irruption dans des installations onusiennes, y compris des écoles et des bureaux de l’UNRWA, la fermeture d’institutions éducatives et sanitaires, notamment à Jérusalem-Est, ainsi que la confiscation de matériels et de documents, en violation flagrante de l’inviolabilité des locaux des Nations Unies.
Le ciblage ne s’est pas limité aux aspects pratiques, mais s’est accompagné de campagnes officielles et médiatiques d’incitation et de dénigrement visant les Secrétaires généraux des Nations Unies et les rapporteurs spéciaux, en particulier ceux chargés des droits humains en Palestine. Ces campagnes recourent à des accusations toutes faites de partialité, « d’antisémitisme » ou de « soutien au terrorisme », dans le but de délégitimer les positions et les rapports onusiens.
Israël a également adopté une position de refus de coopération avec les organes des Nations Unies, en boycottant le Conseil des droits de l’homme, en refusant de coopérer avec les commissions d’enquête, en interdisant l’entrée aux missions d’établissement des faits et en s’abstenant de répondre aux correspondances officielles. À cela se sont ajoutées des mesures financières indirectes, telles que l’entrave aux transferts financiers et aux facilités douanières, ainsi que l’interdiction de l’entrée de carburant, de fournitures médicales et d’aides humanitaires, en particulier vers la bande de Gaza, aggravant ainsi la catastrophe humanitaire.
Israël justifie ces politiques par des prétextes de « sécurité » et de « lutte contre le terrorisme », en considérant les territoires palestiniens comme des « zones de conflit » auxquelles les obligations de l’État hôte ne s’appliqueraient pas, et en rejetant la qualification onusienne de la situation comme une occupation. En revanche, les Nations Unies affirment que ces mesures constituent des violations flagrantes des conventions relatives aux privilèges et immunités, de graves infractions au droit international humanitaire et une entrave délibérée à l’action humanitaire protégée par le droit international.
L’attitude des États-Unis à l’égard des questions internationales, et de la cause palestinienne en particulier, consacre des réalités devenues évidentes depuis le début de la guerre d’extermination israélienne contre le peuple palestinien dans la bande de Gaza:
• Premièrement, un échec américain manifeste dans la gestion des affaires mondiales, au premier rang desquelles la question palestinienne, en tant que pilier de la stabilité régionale et internationale.
Deuxièmement, un partenariat américain total dans la guerre d’extermination, non seulement par le soutien militaire, politique et juridique, mais aussi par l’adoption du récit israélien fondé sur des mensonges.
• Troisièmement, la confirmation que la poursuite par Israël de ses violations du droit international n’aurait pas été possible sans la couverture américaine, qui a assuré l’impunité à ses dirigeants malgré l’émission de mandats d’arrêt internationaux à leur encontre.
• Le recours des États-Unis à l’accusation de l’une des institutions les plus importantes des Nations Unies — l’UNRWA — malgré le large soutien international dont elle a récemment bénéficié, couronné par le renouvellement de son mandat par l’Assemblée générale des Nations Unies à une écrasante majorité de 151 États, constitue une évolution extrêmement dangereuse pour l’ensemble du système international.
Ce comportement ne se limite pas à une attaque contre une institution onusienne, mais s’inscrit dans un contexte plus large de tentatives visant à saper le système international et à frapper les fondements de la légitimité onusienne, au premier rang desquels la Charte des Nations Unies et le droit international, qui font l’objet de violations répétées de la part des États-Unis à travers des politiques de deux poids deux mesures et la politisation des institutions internationales au service d’agendas étroits.
Cette évolution dangereuse appelle des positions claires et fermes de la part de toutes les forces, États et instances soucieux de préserver le système international, de protéger les principes de la justice internationale et de garantir l’indépendance des institutions des Nations Unies et leur rôle humanitaire, à l’abri des pressions politiques et du chantage financier.
Elle invite également le monde, dans l’ensemble de ses cadres politiques, juridiques et populaires, à repenser les formes actuelles de coopération internationale et à rechercher des modèles plus équilibrés et plus justes, davantage à l’écoute des peuples et de leurs droits légitimes, lesquels sont soumis à des violations systématiques de la part de puissances coloniales cherchant à imposer une logique de domination et à consacrer la loi de la jungle comme principe régissant les relations entre États, au lieu de se référer au droit international et à la légitimité onusienne.
