La volonté des prisonniers ne sera pas brisée… et de l’obscurité des cellules naîtra l’aube de la Palestine

Nov 12, 2025

Message de la « Direction des Relations Extérieures du Front démocratique pour la libération de la Palestine » aux institutions politiques, juridiques et populaires du monde

Dans les souterrains des camps de détention israéliens… une vérité que le monde craint

Mesdames, Messieurs,
Nous vous adressons ce message en étant convaincus que vous suivez les événements de la guerre d’extermination et les crimes commis par l’occupation israélienne contre le peuple palestinien en général, et contre notre peuple dans la bande de Gaza en particulier. Aux côtés de ces crimes émerge une question qui passe presque inaperçue dans l’attention internationale, juridique, politique et humanitaire, malgré sa profondeur humaine : la question des prisonniers et détenus palestiniens dans les prisons de l’occupation israélienne, tant publics que secrets.
Nous vous présentons ici un aspect de cette souffrance, qui représente une plaie ouverte dans la conscience et la mémoire palestiniennes, et une brèche dans la conscience de l’humanité, encore absente de la sphère de l’action. Nous espérons que cela fera partie de vos programmes et mobilisations pour porter la voix des prisonniers aux décideurs du monde. Cette question oubliée doit sortir des archives du silence pour être exposée à la vérité, afin que le monde témoigne des pratiques et violations dont sont victimes les prisonniers palestiniens — des violations que même les pires régimes fascistes de l’histoire n’ont pas connues.
Lorsque Israël a lancé sa guerre contre le peuple palestinien dans la bande de Gaza sous le slogan mensonger « libérer les prisonniers », le discours avait l’air de préparer l’opinion publique israélienne et mondiale à une opération de sauvetage humanitaire. Mais, au fil des mois, la vérité s’est révélée : l’armée d’occupation israélienne voulait mener une guerre d’extermination sans précédent. En parallèle, aucun prisonnier israélien n’a été libéré autrement que par des négociations indirectes, tandis que les prisons israéliennes se sont remplies de milliers de nouveaux Palestiniens, femmes et hommes, de toutes les tranches d’âge.
Le slogan israélien est passé de « libérer les prisonniers » à une guerre qui a produit davantage de prisonniers. Alors que la question des détenus israéliens occupait le devant de la scène médiatique et politique en Occident, il n’y eut aucun véritable élan occidental condamnant les arrestations massives de Palestiniens ni exigeant la révélation du sort des disparus dans les camps de détention militaires israéliens.
Dès les premières semaines de la guerre d’extermination, des organisations internationales de défense des droits humains ont documenté des exécutions sommaires perpétrées par l’armée d’occupation israélienne contre des civils palestiniens arrêtés lors de l’invasion terrestre de Gaza. Les rapports des institutions de défense des droits palestiniennes indiquent que des dizaines de civils palestiniens ont été exécutés sommairement et identifiés nommément depuis le 7 octobre, tandis que des centaines de disparus demeurent en état de disparition forcée.
Les rapports médicaux en provenance de Gaza ont également révélé des scènes atroces: des corps aux mains liées et aux yeux bandés portant des traces de tirs à bout portant, d’autres écrasés sous les chenilles de blindés. Les dépouilles restituées par l’occupation via le Croissant-Rouge ou des organisations internationales portaient des codes numériques au lieu de noms, rendant quasi impossible leur identification dans un contexte de sévères déformations et de manque de moyens médicaux dans le secteur assiégé.
Les témoignages des prisonniers libérés ouvrent une blessure profonde dans la conscience humaine et exigent une réaction sérieuse de la part de tous ceux qui prétendent défendre les valeurs et la justice. À l’intérieur des murs des prisons israéliennes, des méthodes de répression et de torture indéfinissables sont pratiquées : la dignité humaine y est humiliée et la volonté des détenus broyée sous la torture et l’humiliation systématique. Le rapport du Centre palestinien pour les droits de l’homme, daté du 10 novembre courant, n’était pas un simple document juridique, mais un cri retentissant révélant une part des crimes horribles commis derrière les murs. Ces témoignages vivants doivent constituer un tournant dans l’approche internationale du dossier des prisonniers, et ces violations doivent être qualifiées de crimes de guerre aux éléments constitutifs complets, exigeant la mise en cause des responsables devant la justice internationale sans délai. (Témoignages vivants documentant les crimes de l’occupation)
Selon les institutions des prisonniers palestiniens, le nombre de détenus palestiniens dans les prisons israéliennes a atteint, jusqu’au mois d’octobre 2025, plus de 11 100 détenus — le chiffre le plus élevé depuis l’Intifada d’Al-Aqsa en 2000. Ce nombre comprend des centaines de femmes, d’enfants et de personnes âgées, dont certaines souffrent de maladies chroniques et se voient refuser les soins médicaux.
L’« isolement administratif », l’un des principaux outils de mise à mort lente, touche plus de 3 500 Palestiniens détenus sans inculpation ni procès, selon des ordres renouvelés automatiquement tous les six mois à l’infini. Des milliers de Palestiniens peuvent vivre en prison sans charge ni fin, en violation flagrante du droit international humanitaire et des Conventions de Genève.
Le camp de Sde Teyman, dans le désert du Néguev, était à l’origine une base relevant du commandement sud de l’armée israélienne. Sa transformation en 2023 en un grand centre de détention pour Palestiniens a constitué une tournure dangereuse dans l’architecture sécuritaire israélienne. De nombreux rapports internationaux le décrivent désormais comme un symbole de terreur, où sont pratiquées les formes les plus atroces de torture physique et psychologique, loin du regard du contrôle international. Des témoignages de prisonniers libérés indiquent que les détenus restent menottés — mains et pieds — pendant des jours et des semaines, conduisant à l’amputation de membres chez certains en raison d’une interruption de la circulation sanguine, en plus de cas de décès dans les cellules dus à la torture ou à la négligence médicale.
Récemment, la fuite d’une vidéo depuis l’intérieur du camp de Sde Teyman montrant des soldats agressant un prisonnier palestinien a provoqué une tempête au sein de l’appareil militaire israélien. Mais cette tempête ne portait pas sur le contenu de la vidéo, elle portait sur sa divulgation : la procureure militaire Yifat Tomer-Yerushalmi a été écartée, accusée de négligence dans la protection du secret. Étonnamment, sa démission n’est pas intervenue par souci de protestation contre la torture, mais parce que l’incident, selon Netanyahu, avait « porté atteinte à l’image d’Israël ».
Ainsi, le débat s’est déplacé du cœur du crime vers une bureaucratie qui le justifie, de la mise en cause des actes vers la protection de l’institution — reflet manifeste de la nature du système sécuritaire qui estime qu’un scandale médiatique est un crime plus grave que la torture elle-même.
Les images fuitées, les rapports médicaux et les témoignages des prisonniers libérés confirment tous que ce qui se passe dans les souterrains des prisons de l’occupation n’est pas le fait d’actes isolés ou de dérapages individuels, mais une politique organisée : torture, humiliation, privation de nourriture et de sommeil, déshabillement pendant les interrogatoires — autant d’outils utilisés dans le cadre d’une stratégie systématique visant à briser la volonté palestinienne. Cette politique n’est pas nouvelle, mais elle est aujourd’hui plus violente et plus étendue, dans le contexte de la guerre totale contre Gaza, où l’occupation traite les détenus comme une extension militaire du champ de bataille, et non comme des prisonniers bénéficiant de droits selon le droit international.
Malgré la profusion des preuves et la répétition des crimes, Israël n’a jusqu’à présent fait l’objet d’aucune véritable mise en cause interne. Le système judiciaire israélien, selon des témoignages d’organisations internationales, est devenu partie prenante de la mécanique de couverture des violations. D’où l’urgente nécessité d’une enquête internationale indépendante sous l’égide des Nations unies et de la Cour pénale internationale, afin de traduire les responsables israéliens pour les crimes de torture, de disparition forcée et d’homicide commis dans les prisons.
La déclaration de la procureure militaire elle-même, même si elle est intervenue dans le cadre d’un conflit interne, constitue une preuve nouvelle et irréfutable que la direction israélienne est informée de ce qui se passe dans ses camps et de son silence délibéré face aux violations. En réalité, tout ce qui se passe dans les prisons — ces atteintes — émane d’ordres directs venus des plus hauts niveaux militaires, sécuritaires et politiques.
La question des prisonniers et détenus palestiniens n’est plus seulement un dossier humanitaire ; elle est au cœur du conflit palestino-israélien. Le maintien de milliers de Palestiniens derrière les fils barbelés signifie que la blessure nationale restera ouverte et que la bataille pour la liberté n’est pas achevée.
Au nom de la « Direction des Relations Extérieures du Front démocratique pour la libération de la Palestine », nous vous adressons ce message pour que la question des prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes soit toujours présente à l’ordre du jour de vos travaux. La libération de nos prisonniers est l’enjeu de la prochaine étape du combat palestinien : ce n’est pas un simple slogan politique, mais un devoir moral et national lié à la dignité, à la liberté et à la souveraineté. Dans des camps tels que Sde Teyman et d’autres centres de détention fascistes israéliens, ce n’est pas seulement la patience du peuple palestinien qui est mise à l’épreuve, c’est la conscience du monde entier.